Jacques Neveu, itinéraire d’un dirigeant non conventionnel

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À la tête d’Axe Group depuis 2007, maison mère d’Axe Systems dont il était salarié à Romorantin-Lanthenay, Jacques Neveu fait figure de président hors norme. Rencontre avec un dirigeant qui met l’humain et l’innovation au cœur de son projet.

Jacques Neveu a commencé sa carrière au sein d’Axe Systems en 2001. L’entreprise spécialisée dans la fabrication de matériel médical de haute précision venait tout juste d’être rachetée par Axe Group.
Pur produit de l’industrie, Jacques Neveu n’est alors pas vraiment dépaysé. L’ingénieur a fait une grande partie de sa carrière au sein de l’industrie automobile : service qualité, bureau d’études, production, commercial… Jusqu’à être envoyé en Amérique du Sud pour monter une usine que la nouvelle direction du groupe décide de fermer trois ans plus tard. Pour avoir ouvertement manifesté son désaccord, il est parachuté directeur d’un site réputé sensible en Normandie. Après plusieurs mois passés à servir de fusible, il jette l’éponge en 2001 pour prendre la tête d’Axe Systems à Romorantin-Lanthenay. Un parcours qui ne le prédestinait pas pour autant à diriger un groupe. « Je n’étais pas programmé pour ça, dit-il. J’étais un salarié imbibé du respect de la hiérarchie. »

Prendre sa vie en main

Mais voilà, en 2006, Pierre Sevestre, le PDG d’Axe Group, décide de vendre. Et à 46 ans, Jacques Neveu a envie de prendre sa vie professionnelle en main. Non pas qu’il rêve de diriger qui que ce soit, mais ses presque quinze ans passés dans l’industrie automobile avec leur lot de désillusions et de désaccords l’ont vacciné contre les achats de groupe, la valse des directeurs et les décisions contradictoires. Tout cela, il n’a plus envie de le subir. Alors, avec deux collègues cadres, Yannick Sevestre, fils de Pierre Sevestre, et Josh James, il reprend le groupe. « On connaissait notre job, on connaissait l’entreprise et ses problématiques et il s’agissait d’un groupe à taille humaine, alors on s’est lancés. » Désigné comme le plus consensuel des trois associés, il se retrouve président d’Axe Group au début de l’année 2007.

Valoriser le management participatif

Reste que Jacques Neveu ne s’est pas transformé en patron caricatural pour autant. Pas de belle voiture, pas de grosse maison, il refuse d’afficher une quelconque réussite sociale. Quant au rapport avec les salariés, ses ex-collègues, il fait tout pour le conserver en l’état. S’il convient qu’on lui fait moins remonter d’informations que lorsqu’il n’était « que » directeur de l’usine, il continue à prendre le café avec les uns et les autres et le tutoiement est de rigueur. Surtout, Jacques Neveu croit au management participatif et refuse catégoriquement les organisations hiérarchisées. En 2008, Axe Systems concourt au Top de l’innovation (qui dépend des Tops de l’entreprise, NDLR) pour démontrer qu’il est possible qu’une usine fonctionne sans directeur. S’il a repris la direction du site de Romorantin-Lanthenay depuis deux ans, en plus de ces fonctions de président, il aime à rappeler « qu’aux hommes, il faut un chef, et aux chefs, il faut des hommes ».

S’adapter aux hommes

Alors que le groupe de 340 personnes compte deux sites français, un site roumain et un site chinois, il est conscient que ce management n’est pas valable partout dans le monde. Lui qui a passé trois ans en Amérique du Sud est convaincu qu’il faut s’adapter non seulement aux marchés mais aussi aux hommes. « La Roumanie sort de quarante ans de communisme et mon expérience m’a prouvé que les salariés ont du mal à décider pour eux-mêmes. Ils ont besoin d’être conseillés. Les Français, au contraire, supportent mal d’être dirigés car ils ont un très fort esprit de contradiction. Alors, il faut être consensuel, faire parler les gens et les concerter. Mon but, ce n’est pas de remettre en cause les règles du jeu, mais de m’y adapter. »

Miser sur l’innovation

Une vision qu’il suit aussi sur le plan stratégique. S’il admet que les entreprises françaises ne peuvent pas lutter sur le marché mondialisé en raison du coût de la main d’œuvre, il refuse de prendre part au French Bashing ambiant. Lui fait partie de ceux qui croient en l’industrie française pourvu qu’elle soit innovante. « Derrière l’esprit rebelle des Français, il y a des trésors à trouver. Nous devons miser sur cet esprit créatif. » Implanté sur le secteur médical de haute précision, Axe Group évolue dans un secteur innovant et à forte valeur ajoutée. Reste que Jacques Neveu est pragmatique : son implantation en Roumanie lui permet de réaliser les pièces à bas coût tandis que le site chinois, encore en veille, assure les arrières du groupe au cas où la Chine commencerait à se développer sur ce secteur. Accepter et faire siennes les règles du jeu : une théorie entrepreneuriale qui mériterait de se développer.

En savoir plus
www.axe-group.com/fr/axeSystems

© Cyril Chigot

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  1. J’ai beaucoup aimé l’article concernant Jacques Neveu.Je suis heureux de voir qu’il existe encore des managers qui osent parler de management participatif plutôt que de gestion financière.

    jean-paul marseille

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