À la ferme de la Proutière, Michel et Catherine Thibault transforment eux-mêmes leurs céréales en farine et en pâtes, qu’ils vendent aux professionnels et aux grandes surfaces. Une production en circuit court qui leur permet de vivre à deux sur la ferme.
Comment vivre à deux de l’agriculture ? C’est en partant de cette question que Catherine et Michel Thibault ont commencé à transformer leur production agricole. En 2009, Catherine, institutrice, souhaite rejoindre son mari, Michel, sur l’exploitation céréalière. Tous deux ont déjà travaillé ensemble dans une vie antérieure en tant qu’assureurs. « On avait envie de retravailler ensemble, on savait que ça fonctionnait », explique Catherine. Travailler ensemble, oui, mais à condition de dégager deux salaires… En l’état, l’exploitation de Michel ne le permet pas. Il faut donc trouver une solution. Augmenter la taille de l’exploitation ? Ce sera difficile. Il faut trouver autre chose.
« Treize paquets vendus, on continue »
« Je faisais mon pain à la maison. Un jour, alors que je pétrissais la pâte, je me suis dit que nous pourrions fabriquer notre propre farine », se souvient Catherine. Le couple se renseigne et opte très vite pour un moulin en meule de pierre pour sa capacité à conserver le goût des céréales, ainsi que les vitamines et les minéraux. Après des essais infructueux et de nombreux sacs jetés, Le Moulin laurentais présente ses premiers sachets sur le marché de Mer en septembre 2011. « On a vendu 13 paquets, on s’est dit que c’était un bon nombre et qu’on pouvait continuer ! Les gens n’étaient pas habitués à acheter leur farine au détail en dehors du supermarché, mais on s’est rendu compte qu’il pouvait y avoir une demande », raconte le couple.
Il leur faut pourtant du courage car c’est peu de dire que leur entourage ne croit pas en leur projet. « Tout le monde nous a dit qu’on était fous. La famille et les collègues pensaient qu’on s’amusait avec notre moulin ! » Sur une exploitation de plus de 200 hectares, la démarche surprend dans le milieu agricole.
Grandes surfaces et restaurateurs
Reste qu’au bout de six mois, le petit moulin fait place au grand modèle. Catherine peut rejoindre Michel à mi-temps à partir de la deuxième année de production. Car le couple ne se limite pas aux marchés. Les grandes surfaces veulent jouer la carte des producteurs locaux ? Catherine et Michel les prennent au mot et vont leur proposer leurs produits. Bientôt, ce sont les boulangers qui viennent s’approvisionner chez eux.
En 2014, Catherine peut travailler à plein temps avec Michel. Ils se lancent alors dans la fabrication de pâtes de blé dur qu’ils vendent également aux restaurateurs, séduits par leurs produits. Ils sont aujourd’hui une dizaine à se fournir au Moulin laurentais. Ce sont même eux qui leur soufflent certaines idées, reconnaît Catherine : « Nous avons développé le blé dur concassé à la demande d’un cuisinier. Maintenant, nous le vendons en sachets dans les supermarchés. »
Si les magasins et les professionnels représentent une part importante de leurs débouchés, Catherine reste présente sur les marchés de Blois, Beaugency, Mer et Meung-sur-Loire « car c’est ce qui nous a permis de démarrer, souligne-t-elle. Et puis, j’aime ça, ça me permet de voir du monde ! » Les produits sont aussi vendus à la ferme deux demi-journées par semaine.
Limiter la taille de l’exploitation
En 2016, la production de farine du Moulin laurentais atteindra 40 à 50 tonnes (contre 35 en 2015). Faute de pouvoir être présent aux champs et au moulin, le couple ne va donc conserver que la surface nécessaire à la production, 20 ha, et permettre à de jeunes exploitants de s’installer sur le reste des terres. Une logique à contre-courant du modèle agricole extensif. Mais qui leur permet de vivre correctement de leur métier.
Alice Enaudeau
Info +
Le Moulin laurentais, ferme de la Proutière
41220 Saint-Laurent-Nouan
Tél. 02 54 87 01 55 –
Vente à la ferme :
• Mercredi, de 15 h à 19 h
• Samedi, de 10 h à 12 h
© Nicolas Derré